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Interview d’Ancestral Z (Dofus)

Interview d'ancetral Z (Dofus)

Ancestral Z (Vincent Deruyck) est un dessinateur de BD né le 2 septembre 1980 à Mouscron en Belgique. Il s’est surtout fait connaître à travers le Manga Dofus, mais a participé à d’autres œuvres dont Chaosland et Steve Zolman. Lors de Japan-Expo 2011, il a eu la gentillesse de nous accorder une interview pour nous permettre de mieux le connaître son parcours.

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Comment en es tu arrivé à faire de la BD ?

Tout petit déjà j’adorais dessiner et logiquement j’ai voulu faire une école d’art. Comme mes parents sont très cool, ils m’ont même encouragé dans cette voie. Il faut dire que ma mère a pratiqué le dessin et que ça a probablement dû jouer en ma faveur.

Donc dès l’âge de 12 ans, je suis allé à l’école de St Luc à Froyenne où j’ai pu recevoir un enseignement plus poussé en dessin. Cette école m’allait bien car je n’étais pas vraiment un élève assidu dans la filière générale et comme je savais déjà que je voulais m’orienter vers le dessin, cette école m’a permis très tôt de m’immerger dans ce domaine.
Durant 2 ans j’ai pu aborder de nombreux aspects : perspective, dessin technique, art, couleur etc… Cela m’a permis de me faire une idée plus précise de ce que je pouvais faire et surtout vers quelle section artistique je voulais m’orienter.

Rapidement j’ai compris que je n’étais toujours pas fait pour les cours théoriques, je me suis donc dirigé vers une filière où il y avait un peu plus de cours pratiques pour pouvoir progresser en dessinant au lieu d’écouter des cours magistraux dictés par un prof.

C’est durant cette formation que tu t’es orienté vers la BD ?

Pas vraiment, à la fin de mes études de secondaire, j’ai dérivé doucement vers la communication, c’est-à-dire de la mise en page, de la pub et de choses de ce genre, mais à l’époque, il y avait peu d’ordinateurs, on a donc travaillé surtout au ciseau et à la colle pour faire nos maquettes.
J’avoue que les recherches de mise en forme de publicités m’ont beaucoup plu car j’aimais rechercher des concepts et des agencements percutants. Mes parents m’ont aussi encouragé dans cette voie car ils trouvaient que faire de la pub était un peu plus rassurant que se limiter au dessin.

Tu as donc fait une formation en publicité ?

En quelque sorte, j’ai tenté un an de formation supérieure en publicité, malheureusement, j’ai été assez déçu par cet enseignement car on dessinait beaucoup moins pour se focaliser sur la mise en page. Du coup, le côté fun et sympathique que je ressentais avant a fini par s’évaporer complètement.Accadémie des beaux arts de Tournai (Logo)
J’ai redoublé cette année pour finalement me réorienter vers une autre école, les Beaux Arts de Tournai, car il y avait là une section supérieure uniquement dédiée à la bande dessinée.

Comment ont réagi tes parents à ce changement ?

Au début, mes parents n’étaient pas vraiment chauds pour me voir changer, mais comme j’étais sûr de vouloir faire de la BD, ils m’ont laissé faire. Je n’ai pas eu à regretter ce choix, j’ai passé 4 ans là-bas qui m’ont bien profité car j’ai retrouvé une ambiance beaucoup plus libre et décontractée, j’y ai notamment rencontré d’autres auteurs comme Jonat ou oTTami qui ont aussi atterri chez Ankama peu après moi.
Ce qui m’amuse beaucoup c’est qu’avec cette formation, on a un statut d’universitaire alors qu’on est juste des dessinateurs. J’ai même poussé le vice plus loin puisque après ça j’ai encore fait un an d’agrégation pour pouvoir être prof. Mais bon, c’était relativement simple dans la mesure où la formation n’était que le mercredi.

Donc théoriquement tu peux enseigner ?

Sur le papier oui, mais en réalité je ne me sens pas capable car je suis trop bordélique pour pouvoir transmettre quoi que ce soit, de plus, j’ai l’impression qu’il faut quand même avoir une sacrée énergie pour tenir ce genre de postes et recadrer les élèves.

Au final comment es tu arrivé chez Ankama ?

C’est un pur hasard : pour clôturer notre quatrième année de formation aux Beaux Arts, nous devions faire un stage en entreprise. J’avais absolument aucun contact et ça se présentait plutôt mal, mais par chance Mathieu Trabut, un camarade, m’a conseillé d’aller postuler avec lui dans une petite boite de jeu vidéo que des amis à lui avaient montée. Comme il connaissait Tot, je me suis retrouvé à faire le stage avec Mathieu et Manboou.

A l’époDofus V1que j’avais jamais entendu parler d’Ankama, je savais que Dofus était un MMO et je m’attendais donc à un truc réaliste et sombre et j’ai été agréablement surpris de découvrir que ce jeu était très coloré et très cartoon, ce qui me correspondait d’avantage.
Pendant les deux semaines de stage, on a bossé tous les trois sur un story-board d’animation destiné à faire un trailer animé sous flash pour Dofus.

Le stage s’est bien passé et à la fin des deux semaines, Tot m’a invité à prendre un café avec lui pour me parler d’un projet de BD tiré de Dofus sur lequel il aimerait bien que je travaille.

Tu devais être heureux de trouver aussi facilement ton premier job ?

Oui, mais j’étais surtout très angoissé car Tot voulait me mettre au découpage des planches, or ce n’était pas vraiment mon point fort. Pour ne rien arranger, on nous donnait un pré-découpage qui était déjà relativement abouti et j’avais peur qu’ils se rendent compte au bout de deux ou trois semaines que finalement ils n’avaient pas besoin de moi.

Heureusement, ils étaient tous très chargés à cause du jeu Dofus et rapidement Tot m’a demandé si je ne voulais pas aussi m’occuper des dessins ce que j’ai accepté sans hésiter.

Extrait du tome 1 de Dofus

Le style était déjà aussi éloigné du jeu ou y as tu mis ta patte ?

Non, il existait déjà des recherches de Crail et Arty faites par Xa et Arnaud, mais comme ils bossaient sur graphisme de Dofus, le style était beaucoup plus proche du jeu.
J’ai donc remixé tout ça à ma sauce dans un style très imprégné par mes propres influences.

C’est-à-dire ?

Nous sommes la première génération européenne à avoir baigné dans le manga, en particulier à l’adolescence. Il faut ajouter que j’étais aussi lecteur du magazine Mickey et que ce style cartoon m’a toujours plu. Ces influences nous imprègnent, mais quand j’ai fait mes études aux Beaux Arts, j’ai essayé de prendre un peu de recule en testant plein d’autres choses, à cette époque j’étais très attiré par Lewis Trondheim (Donjon).
Finalement Ankama m’a permis de revenir au style un peu manga que j’aimai pratiquer quand j’étais plus jeune mais en mélangeant toutes ses influences dont Samouraï Jack et les Super Nanas pour le côté américain cartoon, mais aussi One Piece et Ranma ½ pour le style nippon délirant.

On peut voir l'équipage de Luffy (One Piece) parmi les spectateur (Dofus)

Comment la communauté a réagi devant un graphisme aussi différent du jeu ?

J’étais très inquiet de la réaction des lecteurs : pour prendre la température, on a mis les 30 premières planches sur le forum et je me souviens que les premiers soirs, je scrutais avec fébrilité les commentaires en réactualisant toutes les 5 minutes.
Rapidement il est apparu que les avis étaient très tranchés et pouvaient se classer en trois catégories.

  • Les inconditionnels qui suivent de près ce que faisait Ankama et qui nous incitaient à foncer sans hésitation.
  • Les déçus qui trouvaient que ça n’avait rien à voir avec le jeu à cause de l’absence de couleur du style graphique, ceux là se déchaînaient et leurs critiques fusaient de toutes parts.
  • Les modérés qui y voyaient quelque chose d’intéressant même s’ils avaient conscience que ce n’étaient pas encore parfaitement au point. Ils décortiquaient tout et leurs remarques étaient assez constructives, mettant le doigt sur des faiblesses comme par exemple certains cadrages.

Tome 1 du Manga Dofus (Couverture)Le poids des avis positifs et négatifs était à peu près similaire ce qui a décidé Tot à chercher un éditeur pour publier le premier tome. Malheureusement, bien qu’on ait une communauté de joueurs relativement importante, cela n’a pas suffit à convaincre les éditeurs.
Agacé par leur frilosité, Tot a décidé qu’Ankama allait se charger de l’édition mais aussi de la distribution via notre site Web.

Notre premier tirage était faible avec 2500 exemplaires (contre 30 000 maintenant), ce qui s’explique par le fait qu’à l’époque Ankama était encore une petite boite qui n’avait pas trop les moyens. Pour l’anecdote on réfléchissait à deux fois même pour faire imprimer une affiche couleur.

Mais Tot croyait dans le projet, on avait déjà édité le premier artbook et Tot a embauché quelqu’un pour démarcher les libraires locales. Cette démarche a porté ses fruits car de fil en aiguille notre réseau de distribution s’est agrandi au point que maintenant même les gros distributeurs comme la Fnac ou Amazon sont de la partie.

Dessiner Dofus est ton activité à plein temps, mais malgré ça, comment trouves tu le temps de bosser sur d’autres projets comme le tome 3 de Dofus Monster ou encore certains chapitres de Dofus Arena ?

Dofus Monster Tome 3 : Le Chevalier Noir (couverture)J’ai pas vraiment de mérite car pour être honnête, quand je travaille en parallèle sur ces projets-là, on a pris du retard sur les sorties du manga Dofus, cela explique un peu pourquoi nos délais de parution sont un peu erratiques variant entre 3 et 6 mois, à présent on essaie maintenant de tenir le rythme d’une sortie tout les quatre mois. Mais ce n’est pas évident à tenir car Tot fait le scénario et comme il s’occupe de nombreux projets créatifs pour Ankama, il y a des jours où il est submergé et ne peut pas suivre.

Le côté assez sympa avec lui, c’est qu’on fait nos 5 planches par jour sans trop savoir où on va au final. Tot a une ligne directrice en tête, mais il nous livre au jour le jour le scénario, puis il en discute avec nous lorsqu’il veut avoir un avis et cela peut changer du jour au lendemain. Il y a donc le plaisir quotidien de la découverte ce qui pimente pas mal notre boulot.

Quel est ton statut à Ankama, visiblement tu es salarié là-bas, c’est plutôt inattendu pour un dessinateur de BD ?

Oui, c’est vrai, en général les dessinateurs de BD sont théoriquement payés à la planche et souvent ils bossent chez eux. Je me souviens, lorsque Tot m’a proposé ce projet, il m’a laissé le choix entre être salarié ou être payé à la planche. J’ai tout de suite préféré salarié car je suis quelqu’un de carré et je trouve que c’est plus rassurant de savoir combien on touche à la fin du mois. Même si je n’avais jamais bossé dans la BD, j’avais entendu que d’être payé à la planche était une situation pas toujours évidente à gérer.

Un exemple tout simple, si tu veux te loger et acheter une maison, c’est la misère pour obtenir un crédit ou une location lorsqu’on est payé à la planche, alors que lorsqu’on est salarié c’est beaucoup plus simple. L’autre avantage c’est que ça structure mes journées, je vais au travail le matin et je rentre le soir, ce qui m’offre un moment de rupture pendant le trajet entre vie professionnelle et vie privée.
Personnellement, je ne pourrais pas vivre et travailler chez moi comme certains dessinateurs de BD car c’est trop déprimant, j’aime rencontrer des gens au boulot et discuter avec eux.

Le faite de se confronter à l’avis de ses collègues permet de se positionner face à eux. Tout seul, tu te positionnes face à toi-même et tu deviens un peu fou car tu finis par te poser des questions inutiles faute de recul suffisant.

Goultard retire son épée de son bras (Dofus Tome 8)

Est-ce plus rentable d’être salarié ou d’être payé à la planche ?

Difficile à dire, ce qui a été génial c’est que Tot a été très honnête avec nous, la boite était encore petite quand on a commencé et il ne pouvait pas nous payer plus que le smic, mais il nous a promis que si la situation décollait, nos salaires seraient revus à la hausse et il a tenu ses promesses sans sourciller ce qui est plutôt cool.

Je lui suis vraiment reconnaissant de l’opportunité qu’il ma donné en particulier lorsque j’entends les difficultés que rencontrent les autres dessinateurs de BD car je réalise la chance que j’ai eu avec lui. Il faut savoir que c’est quelqu’un de très stimulant car on sent, quand on travaille avec lui, qu’il vit pour sa passion ce qui vous tire vers le haut.

J’en déduis que le travail avec lui se passe plutôt bien.

Oui, c’est en grande partie dû au fait qu’on a un contact particulier qui s’est noué dès le départ. Comme on est salarié, on était présent dans les locaux et comme la boite était toute petite, on partageait la même pièce ce qui facilitait les échanges. Ainsi Tot pouvait nous expliquer en direct ce qu’il voulait et dès qu’on avait une question, on l’avait tout de suite sous la main. C’est beaucoup plus sympa que de recevoir le découpage par la poste ou par internet et ça a rapidement créé une ambiance de groupe très chaleureuse.

Pourquoi le format Manga ?

On a envisagé pas mal de formats : en couleur, en grand, etc… on a opté pour le manga car le noir et blanc permet d’avoir un plus grand nombre de pages ce qui nous autorise à se taper des délires sur deux ou trois pages sans que ça impacte la trame générale.

Comment en es-tu venu à dessiner quelques chapitres sur Dofus Arena qui était en charge de Jérôme Bretzner ?

manga Dofus Arena Tome 3 (Akama)Jérôme est un bon pote et il aimait bien l’idée de nous faire participer avec Mojojojo. Il voulait nous impliquer pour créer une rupture de style graphique pour les passages se passant dans le monde de l’Arena afin de bien marquer la différence.

Il voulait aussi pousser le partenariat plus loin en faisant une sorte d’échange de personnages, on aurait récupéré un de ses personnages pour Dofus et lui aurait fait de même. Il aimait l’idée que l’aventure vécue par un personnage se fasse à cheval sur deux séries distinctes.
Malheureusement on n’a pas encore eu le temps d’expérimenter cela et maintenant c’est oTTami qui a pris la suite de cette série, mais rien ne dit qu’on ne fasse pas ça quand même un de ces jours.

Visiblement tu aimes expérimenter. As-tu parfois envie de faire des choses radicalement différentes ?

C’est un peu ce que j’ai fait avec Mojojojo lorsqu’on a fait Chaosland puisque s’était un projet dans un autre format et en couleur. Nous avions fait les deux tomes sur notre temps libre.

Actuellement je suis sur une autre histoire concernant une espionne dans la années 70, c’est rafraîchissant de faire un peu autre chose, mais je n’éprouve pas le besoin comme certains auteurs de BD de faire une rupture graphique radicale. Mon style évolue au fur et à mesure que je vois des choses qui me plaisent et que j’intègre petit à petit dans chaque nouvelle planche.
Peut-être que dans dix ans je tiendrai un autre discours mais pour l’instant je n’éprouve pas le besoin de faire un virage à 180°.

Chaosland - Ancestral Z - Mojojojo Ancestral Z et Mojojojo

Chez Ankama, il y a des personnes qui sont chargées de vérifier que les auteurs respectent la cohérence transmédia de l’univers de Dofus, à la fois dans le jeu vidéo, le dessin animé et les BD. J’imagine qu’avec Tot comme scénariste ce genre de personnes ne sont pas trop derrière toi pour te rappeler à l’ordre.

Oui et non, car même si Tot est à la base de l’univers, c’est une sorte d’électron libre, quand il a envie de faire quelque chose il part à fond dedans et parfois y a des contrôleurs qui viennent nuancer son enthousiasme. S’ils sentent que quelque chose cloche en particulier pour le Background, ils font une annotation et on vérifie plus tard avec Tot si on doit le laisser, le modifier ou le virer.

Mais notre grande chance avec le manga Dofus c’est qu’il s’agit d’une BD un peu délire qui se détache pas mal de l’univers ne serait-ce qu’à travers le graphisme. Le contrôle est donc beaucoup plus souple que pour les autres BD et on profite pleinement de cette liberté.

Ta BD est directement inspirée de l’univers du jeu vidéo Dofus, est-ce que tu joues beaucoup à ce MMO ?

Jeu en ligne DofusMalheureusement non, ce n’est pas l’envie qui me manque, à l’époque où j’ai commencé, je m’étais créé un compte avec ma classe préférée : un Sram et une Sramette, mais le vrai problème est le temps. Si je commence à jouer, je n’aurais plus le temps pour finir mes planches ou pour travailler sur mes autres projets.

Mais j’avoue quand même que je joue parfois à des jeux vidéo, mais plutôt sur console Nintendo comme les Paper Mario, Kirby. J’ai aussi une X-Box, mais pour des jeux que les trois-quarts des gens ne vont pas jouer comme le remake de Golden Axe ou Ninja Blade.

En ce qui concerne la série TV Wakfu, l’as-tu vu, ou comme pour Dofus tu manques de temps ?

Evangelyne immobilise le Voleur de Voix avec une flèche glacée (Wakfu)Pour Wakfu j’ai regardé les premiers épisodes parce que c’était la boîte qui faisait ça, c’est donc cool de voir ce que mes collègues font, mais si j’ai continué à la regarder, c’est surtout parce que j’ai vraiment accroché. Si ça ne m’avait pas plu j’aurai probablement moins regardé (rire).

En fait, cette série a tout ce que j’aime : des univers parallèles, une histoire qui se suit d’un épisode à l’autre et un humour délirant, bref, j’ai vraiment adhéré.
Malheureusement j’ai pas vu la fin de la saison 1 et j’ai raté quelques épisodes de la saison 2

(Ton réprobateur) Alors ça, c’est pas bien…Evangelyne vue par Ancestral Z

(Rire) Ouais, je sais, j’ai abusé, mais je vais me rattraper, même si j’ai pas tout vu, je sais comment ça évolue car mon pote Jérôme Bretzner (Dofus Arena) travaille actuellement sur les décors de la série, alors quand je le croise j’ai un aperçu de ce sur quoi il bosse. C’est comme ça que j’ai pu voir les décors des épisodes sur le boufbowl avant leur diffusion et ça m’a vraiment enthousiasmé.

Quelle est l’origine de ton pseudo ?

Alors le « Z »  à la fin vient du fait que j’adore tout ce qui est nanar, les séries B, les séries Z, les trucs tout nazes qui font fuir les gens normaux. Quant au mot « Ancestral », ça avait quelque chose de solennel et grandiloquent. Je l’aime bien car on l’entend souvent dans des reportages pour parler de « techniques ancestrales ».

Fred et Sophie (BD)Mais ce pseudo était à l’origine pour une  radio locale. J’y animais une émission et il me fallait un pseudo, alors au lieu d’en prendre un seul, j’en inventais un nouveau par jour. J’ai fait ça jusqu’au jour où Manboou, une de mes amies qui faisait de la BD, a voulu me mettre dans les remerciements de sa BD « Fred et Sophie » alors elle m’a demandé quel pseudo elle devait écrire.
Lorsque je lui ai dit de mettre « Ancestral Z », elle m’a pas pris au sérieux en me disant « arrête tes conneries dans 6 mois tu auras encore changé », je lui ai répondu « non, non, cette fois-ci, celui-là je le garde. » et depuis ça m’est resté.

Tu peux nous développer la partie « J’ai fait de la radio… » ?

En réalité, j’en fais encore (MAJ : il a arrêté en fin 2012 avec la naissance de son fils aîné Basil). J’anime une émission avec un pote et je n’ai jamais arrêté depuis 10 ans. Malgré ça, on est toujours aussi « inexpert » dans ce domaine.

Comment en es tu arrivé à animer une émission de radio ?

Un peu par accident, mon voisin d’en face faisait cette émission et m’a intégré. La radio est gérée la semaine par une association pour les handicapés pour les aider à s’intégrer et à s’exprimer et le week-end, il y a d’autres animateurs avec une grille plus libre.
Avec mon pote, Frederic l’Héritier Alias Sempiternel Sampleur, on s’est dit que ça pouvait être rigolo de faire ça, alors on s’est lancé en faisant une émission qui s’appelle « Show les marrons, chauds » tous les samedis soir de 17 à 19 heures (en Belgique).

Évidement c’est plus pour réaliser un rêve de gosse que pour l’argent car comme l’association a peu de moyen on paye  5 euros par mois pour aider la radio, mais ce qui nous motive c’est surtout le côté fun du rôle d’animateur radio.

Si on récapitule : tu as un boulot de salarié à plein temps, tu fais de la Radio, des projets perso de BD et des dédicaces le week-end. Comment trouves-tu encore le temps pour faire du sport et entretenir ton superbe corps d’athlète ?

Bhen justement, je ne le trouve pas, ce qui m’arrange bien car, sans sombrer dans la caricature du dessinateur, je pense que j’ai fait du dessin entre autre parce que j’étais nul en sport. C’est vrai que, comme pour beaucoup de dessinateurs, le dessin est un refuge pour contrer sa propre timidité.

Toi tu es timide ? Tu fais de la radio, de la BD en équipe, des dédicaces publiques…

Ouais, mais en fait, c’est venu progressivement. J’ai commencé à me débloquer en école d’art parce que tu côtoies des gens comme toi donc tu te sens forcément plus à l’aise. Puis il y a le fait que tu rencontres d’autres gens timides et ça aide.

Finalement le plaisir de discuter l’emporte sur la timidité, rencontrer des gens te donne une certaine stimulation. Mais j’appréhende toujours d’aller vers les gens de peur de déranger ou d’être snobé. En revanche, lorsqu’on vient vers moi je suis très accessible, j’aime beaucoup ça et il ne faut pas hésiter. J’ai envie que les gens sachent qu’ils peuvent être à l’aise avec moi et que je ne les prendrai pas de haut.

Justement quel contact entretiens tu avec tes fans ?

J’ai des mails, des gens qui me laissent des messages, mais j’ai beaucoup de mal à tenir une correspondance à cause du nombre de mails (et de mon côté désordonné). Des fois je réponds au bout de quelques mois ou pas du tout. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, c’est juste que c’est ingérable. Parfois je réponds à quelque chose que j’ai reçu la veille alors que des certains messages attendent depuis des mois. C’est sûr que je manque un peu de structure pour répondre.

J’ai aussi un contact indirect avec mes lecteurs à travers les commentaires laissés par les lecteurs sur internet sous les critiques de mes tomes. Parfois c’est stimulant, mais parfois c’est très dur car certains se lâchent et font des commentaires un peu trop saignants en oubliant que derrière il y a quelqu’un qui s’est investi dans la fabrication de la BD.
Par exemple, une fois, j’ai pu lire un commentaire sur mes dessins qui disait que c’était « de la merde en boîte », on peut aimer ou ne pas aimer, mais j’ai du mal avec la méchanceté gratuite ou le côté haineux de certains propos.

Page 6 et 7 du tome 8 de DofusPage 8 du Tome 9 de Dofus 

En général j’essaie de prendre du recule. Les jours où ça va, ce genre de commentaires te glissent dessus, mais les jours où tu n’as pas trop le moral ça peut t’affecter et t’enfoncer un peu plus.

Globalement j’aime quand même avoir un retour même si ce n’est pas toujours facile car ça te permet de jauger les réactions et éventuellement de t’améliorer.
J’en profite pour évoquer le dernier adage,  dans l’artistique tout peut se résumer à « faire » ou « ne pas faire »
Alors faîte le…planétaire !    

On espère que les commentaires que tu liras sous cette interview seront chaleureux.
Merci beaucoup de nous avoir permis de mieux te connaître et bonne continuation.

Merci à vous aussi :)

Site officiel d’Ancestral Z >>

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