Univers : Dofus
Fiche Technique
Staff
Personnage
Entreprise
Galerie

Interview de Mojo (Dofus)

Mojo (Dofus)

La sortie du tome 21 de Dofus est l’occasion de revenir sur Joaquim Leclercq, plus connu sous le pseudo de Mojo (anciennement Mojojojo). Il est l’acolyte d’Ancestral Z et de Tot sur le manga Dofus. Ce dessinateur de BD, né en 1981, est en charge des décors et trames, mais ne croyez pas pour autant que son talent se limite à cela, il a déjà mis son crayon au service de bien d’autres œuvres et pas seulement dans le domaine de la BD.

Pour nous permettre de mieux cerner cet artiste, l’avons interviewé durant le festival Japan Expo 2014, où il a gentiment réussi à nous trouver un créneau entre deux dédicaces. 

Fiche Technique
Staff
Personnage
Entreprise
Galerie

Avant de commencer, peux-tu nous dire d’où vient ton pseudo ?

En fait, c’est en partie dû à mon prénom Joaquim et au méchant Mojo Jojo tiré de la série animé Les Supers Nanas (The Powerpuff Girls). Mais comme Mojojojo était un peu long, j’ai fini par le raccourcir à Mojo. J’ai hérité de ce surnom lorsque j’étais à l’Académie des beaux arts de Tournai.

 

C’était la même école qu’Ancestral Z, suivais-tu la même formation ?

Non, Ancestral était en section BD, et moi en section Graphisme, mais comme nous sommes entrés dans la même année, nous avions des cours en commun.

A l’origine tu ne te destinais donc pas à faire de la BD ?

Oui, je m’orientais vers le domaine publicitaire. Mais pour être honnête, j’ai toujours été attiré par la BD, des œuvres comme Tintin, Spirou et Fantasio, Alix (surtout l’histoire), Donjon de Trondheim m’ont passionné et nourri. Dès l’âge de 14 ans je suivais des cours de dessin du soir à l’académie des Beaux Arts. Pour autant, mes parents voulaient éviter que je me spécialise dans le dessin avant le bac car ça aurait été très dur de se réorienter vers quelque chose de plus général. J’ai donc fait un Bac Sciences et Langues et je me suis ensuite dirigé vers des études supérieures liées au dessin.

 

J’étais tenté par la section BD, mais je savais qu’il était très difficile de percer dans ce milieu. La raison m’a poussé à m’orienter vers le graphisme commercial (création de logo, pubicité, mise en page) car il y a plus de débouchés en agences de communication qu’en BD. Ironiquement j’ai finalement atterri dans la BD avant même d’avoir pu mettre un pied dans une agence.

Comment as-tu été amené à travailler avec Ankama ?

Par le biais d’Ancestral Z qui était déjà embauché là-bas pour travailler sur le manga Dofus. A la fin de mes études, juste après l’agrégation nous avons monté le projet de BD Chaosland avec Ancestral Z. On l’a présenté, ce qui m’a permis de me faire connaître d’Ankama et de Tot. Il a fallut un an pour le finir, au début je venais travailler une semaine sur deux ce qui me laissait du temps pour d’autres projets en parallèle. Puis, lorsque Crounchann qui s’occupait des décors sur Dofus a décidé d’arrêter pour faire le Dofus Monster du Chêne Mou, Tot m’a proposé un CDI pour bosser à plein temps sur le manga Dofus. Depuis le tome 6, je suis donc responsable des décors et des trames.

   Dofus manga Tome 6 : Goultard le Barbare !

Est-ce que c’est pas un peu frustrant d’être cantonné aux décors ?

Pas vraiment car c’est un truc que j’adore faire. Du coup, on est parfaitement complémentaire avec Ancestral car même s’il est tout à fait capable de faire des décors, il préfère largement faire des personnages, notre duo fonctionne donc très bien. D’une façon générale, j’aime travailler en relation avec d’autres personnes plutôt que de travailler seul chez moi car c’est plus motivant. L’échange que tu as avec tes collègues permet de rebondir d’amener de nouvelles idées qui font évoluer tes projets dans le bon sens.

 

Tu travailles donc sur d’autres choses en parallèle ?

Effectivement, j’ai une activité free-lance ponctuelle, ce sont surtout des contacts créés avant que je n’entre chez Ankama qui me proposent divers projets graphiques comme par exemple des affiches pour des festivals (Festival Darc près de Châteauroux). J’ai aussi eu l’occasion de faire des décors de jeux vidéo pour des petits studios indépendants. Ça me permet de varier mon activité et de côtoyer d’autres milieux.

Cela dit, même au sein d’Ankama, je ne suis pas cantonné au manga Dofus. En matière de BD, j’ai bossé sur les BD Chaosland et Paloma (ce qui me permet aussi de travailler la couleur) et, dans un autre registre, j’ai aussi eu l’occasion de bosser dans la section animation en réalisant des décors pour les séries Mini Wakfu et Maxi mini. J’ai même eu l’opportunité de travailler dans la section jeu vidéo en créant quelques décors pour le jeu Dofus.

  

C’est toujours un challenge quand on change de section car les règles diffèrent un peu. On se demande si on va y arriver, mais c’est enrichissant car on travaille en collaborations avec d’autres créatifs et passé les premières difficultés de la phase d’adaptation, on en ressort grandi. C’est rare d’avoir une boite comme Ankama qui regroupe autant d’activités, ce serait dommage de ne pas en profiter.

Justement en parlant de Dofus, connaissais-tu le jeu avant d’entrer chez Ankama ?

Oui parce qu’Ancestral travaillait là-bas, il me l’avait présenté. En revanche je n’y avais pas joué car j’évite de toucher aux MMO, c’est trop chronophage et j’ai un peu peur qu’une fois que j’aurais mis le pied dedans, je n’en sorte pas.

En revanche, je suis un grand fan des jeux vidéo qui permettent de se défouler. En ce moment je joue à des jeux indépendants en pixel-art comme Super time force, ou des triple A comme Watch dog, GTA, ou encore les FPS comme Tight-And-Fall.

A voir les clins d’œils qui parsèment le manga Dofus, cette passion vidéo ludique ne date pas d’hier.

C’est vrai qu’on met dans nos planches pas mal de références liées à des jeux des années 80 et 90. Tout comme Ancestral Z je suis un fan des productions de cette époque. J’ai commencé avec la Game Boy, j’ai eu ensuite une Super Nes, une Megadrive et une Playstation. Parmi les jeux de cette génération, j’ai une affection toute particulière pour Mario World et Yoshi Island.

 

En matière de clins d’œil comment ça se passe, vous vous concertez à l’avance ?

C’est surtout Ancestral Z et Tot qui en mettent le plus. Certains sont prévus en amont comme le titre qui vient de Tot, d’autres viennent spontanément au fur et à mesure de la création des planches, nous essayons toujours de faire en sorte que cela ne nuise pas à la lisibilité de la narration mais c’est pas toujours évident. Parfois Tot est obligé d’intervenir pour tempérer un peu notre enthousiasme.

Il faut dire qu’à la base, je suis un peu bordélique et Ancestral est encore pire que moi. C’est assez particulier comme ambiance de travail et ça peut être parfois tendu pour respecter nos délais.

Heureusement on a la chance d’être salarié et d’avoir des horaires de bureau, ça nous aide à structurer nos journées, on ne fait pas de rush le soir et le week-end ce qui permet d’avoir une vie équilibrée et de profiter du temps libre pour s’ouvrir à autre chose : passion ou projet.

Quel genre de passions as-tu ?

J’aime lire sur l’histoire antique, notamment la civilisation romaine. Ce côté grandeur et décadence m’intéresse depuis longtemps. C’est fascinant de voir comment cet empire s’est bâti et comment, après avoir influencé le bassin méditerranéen jusqu’au cœur de l’Europe, il a fini par décroître pour disparaître. Cette civilisation fut un creusé pour beaucoup de choses, elle a vu naître le début du christianisme, de nombreux philosophes et une architecture qui vaut le détour. C’est une source d’inspiration inépuisable.

En parlant de sources d’inspiration quels sont les œuvres qui t’ont marqué ou influencé ?

Pour les influences liées à la BD, j’avais évoqué tout à l’heure Tintin, Spirou et Fantasio, Alix et Donjon. Niveau animés, je suis plus fan des productions américaines que japonaises. J’adore Bob l’éponge, les productions de Cartoon Networks comme Samouraï Jack (surtout pour le design), Gun Ball ou encore Gravity Falls de Disney.

 

Quelques animés japonais m’ont tout de même marqué, comme Akira ou les productions du studio Ghibli.

  

Je reconnais que je ne suis pas très réceptif aux animés en 3D. Il s’agit d’une réticence liée au rendu visuel qui ne me touche pas, ce qui ne m’empêche pas d’apprécier le scénario. Par exemple certains Pixar comme Là-haut m’ont plu, en particulier les premières minutes qui sont une véritable claque narrative et émotionnelle. C’est poignant et très dur. Dans le même esprit les vingt premières minutes de Wall-E, sans aucune parole, étaient émouvantes. Il se dégage chez certains Pixar une passion qui me rappelle un peu Ankama.

A quel niveau ?

Lorsque je suis arrivé chez Ankama on était 65 personnes, c’était dans des locaux moins grands et moins cloisonnés que nos locaux actuels, il y avait une ambiance de fou. Il faut s’imaginer qu’ils étaient passés en quatre ans de 10 à 65 salariés, puis dans les deux ans qui ont suivi mon arrivé on est monté à 400 personnes notamment suite au lancement de la série Wakfu. On a donc vécu une véritable explosion.

 

Faire partie de cette croissance fulgurante est indescriptible. C’était d’autant plus stimulant que j’ai eu la chance de participer au dessin animé Wakfu (la partie Mini Wakfu et Maxi mini) en tant que décorateur.

 

Je me souviens encore quand Tot nous a parlé pour la première fois de faire un dessin animé : on était enthousiasme, mais un peu flippé car cela impliquait un travail colossal. De plus, comme on n’avait aucune expérience de la production de série animée, on se demandait vraiment comment on allait pouvoir faire. Puis lorsqu’il nous a montré les premières animations (qui étaient vraiment époustouflantes), on a compris que non seulement on pouvait le faire, mais que, vu la qualité, ça ne pouvait que marcher.

Aujourd’hui encore on sent que la passion qui nous anime a imprégné notre public. On le perçoit par exemple sur les festivals comme Japan Expo lors des séances de dédicaces.

Quel rapport as-tu avec ton public dans ces séances ?

J’adore le contact avec nos lecteurs, mais comme je suis assez timide, je n’ose pas engager la conversation. En revanche quand on me parle, je réponds volontiers, donc, il ne faut pas hésiter, j’apprécie de parler en dessinant.

Heureusement Ancestral est plus à l’aise que moi, il a une grande facilité de contact et pose des questions. Ça décoince ceux qui hésitent à nous  parler de peur que ça nous gêne.

Grâce à ces conversations, on a un retour intéressant. C’est important pour nous en particulier pour des nouvelles créations comme Paloma, on peut ainsi jauger la perception du public. On a moins cette problématique pour le manga Dofus, parce que de part son ancienneté, on connaît bien notre lectorat.

Les dédicaces sont assez éprouvantes, mais c’est toujours un vrai plaisir d’avoir ce contact avec nos fans.

Le message est passé, tes lecteurs n’hésiteront plus à t’aborder durant les prochains festivals.

Merci encore et bonne continuation.

Merci à vous :)

Galerie

Une réponse à Interview de Mojo (Dofus)

  1. Zexion dit :

    Intéressant !
    Bonne continuation à Mojo et à ses projets. :)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

*


Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>