Akira (film d’animation, 1988)

Akira est LE film mythique de l’animation japonaise en France. Auparavant seules les séries TV sortant à la chaîne étaient connues (avec l’image négative que l’on connaît), le film Akira fut une baffe pour toute une génération car il donna ses premières lettres d’or à l’animation japonaise avec un film techniquement très abouti, une animation fluide et une histoire prenant aux tripes réalisée par l’auteur du manga original : Katsuhiro Ôtomo. 

25 ans après la sortie du film, l’impact du film est toujours aussi fort.

Synopsis

Kaneda est chef d’un gang d’orphelins dans un Tokyo en pleine reconstruction après une explosion qui l’a ravagé 30 ans auparavant.

Un jour, alors que sa bande affronte un autre gang, Tetsuo, un membre de son groupe, est blessé en voulant éviter un enfant aux traits de vieillard. Au lieu de le transporter directement à l’hôpital, les militaires l’emmènent pour l’étudier car cet accident et la proximité avec le gamin au visage de vieux semble avoir réveillé chez lui un don de psychokinésie.

Akira : un film qui ne vieillit pas

Alors que la mode est à la 3D, il est surprenant de voir combien une animation 2D réussie fonctionne toujours des années après sa sortie. En plantant un univers futuriste violent, sombre et intemporel, Katsuhiro Ôtomo présente une histoire mature et complexe. 25 ans après la sortie du film, peu de long métrages d’animation peuvent se vanter d’être aussi aboutis.

Dès les premiers plans, le ton est donné : l’histoire sera violente et sans concession. Ainsi, la mort du libérateur de Takeshi illustre bien cette ambiance car il est massacré d’une trentaine de balles dans un plan sans complaisance. Le reste du film sera dans la même trempe avec des séquences de tuerie, d’explosions et une tentative de viol qui vont s’enchaîner sans laisser au spectateur le temps de souffler.

Réduire le film Akira à de l’action serait cependant une erreur car Ôtomo plante un mystère dès les premières minutes en parlant d’Akira sans donner véritablement l’explication pendant tout le film mais proposant au spectateur des clés pour se faire une opinion.

Le casting (peut-on réellement parler de character designer pour un tel film ? ) est réussi à tous les niveaux. Ôtomo met en place des personnages au caractère fort. Malgré une absence d’empathie pour les personnages (même pour le héros Kaneda), leur énergie et leur présence ont un impact fort sur le spectateur. Les personnages ne sont pas des héros, ils ont tous des faiblesses, mais leurs actions sont héroïques, les rendant finalement très humains.

Et que dire de l’animation ? Ôtomo a réussi à créer des séquences dynamiques et complexes et 25 ans après, aucune de ses séquences n’a vieilli : que ce soit les accélérations des motos, les séquences réalistes de combat ou d’explosion et celles fantastiques des cauchemars, chaque séquence est maîtrisée de bout en bout avec aucune répétition. Saluons l’exploit car le film dure plus de 2 heures. Pour sa réalisation, il a fallu plus de 160 000 cellulos. Le spectateur peut être réfractaire à l’histoire teintée de mysticisme mais il ne pourra pas rester de glace face à la réussite technique qu’incarne ce film.

La musique n’est pas en reste : alors que ce genre de film est souvent lié à une musique très contemporaine (comme Rage Against the Machine pour Matrix par exemple), Ôtomo pioche dans la culture traditionnelle japonaise en s’appropriant des sonorités classiques nippones comme des percutions que l’on retrouve dans le shinto. Le résultat est donc totalement décalé et permet d’éveiller un sentiment de malaise chez le spectateur qui accentue encore la puissance du film.

Bien avant Matrix, Akira oppose d’un côté un ordre politique à poigne de fer, dont certains membres sont corrompus, à l’énergie de la jeunesse qui souhaite vivre et lutter pour ses valeurs (qui ne sont pas forcément positives dans le film). Kaneda ne souhaite pas sauver Tokyo mais juste botter les fesses à Tetsuo (et retrouver son ami ? ).
De même, Ôtomo souligne l’impact de l’incompréhensible : alors que certains tentent de contrôler Akira, d’autre le vénèrent alors qu’il a détruit leur ville.
Malgré le côté pessimiste et sombre du futur présenté par Katsuhiro Ôtomo, la fin est optimiste et pose la foi dans les jeunes (Kaneda et Kay) qui brisent tous les obstacles pour atteindre leur objectif face à une force qui dépasse la technologie, les croyances et leur société. 

Pour conclure, Akira est donc un film mythique dont il est difficile de parler de par la quantité des sujets abordés, l’énergie qui déborde de chaque plan et la maestria avec laquelle Katsuhiro Ôtomo mène son histoire tambour battant prenant aux tripes le spectateur.

Résumé de l’histoire

La ville de Neo Tokyo a été reconstruite sur les ruines de Tokyo après une explosion qui a ravagé une partie de la ville. Kaneda est un orphelin et dirige un gang de motos qui y vit. Un jour, Tetsuo, un membre de son gang, se blesse alors qu’il tente d’éviter Takashi un enfant au visage de veillard. L’armée emmène Tetsuo et laisse la bande de Kaneda aux mains de la police. En attendant d’être libéré, Kaneda flashe sur une fille de son âge Kei et la fait libérer avec sa bande.

De leur côté, le colonel et le docteur Onishi découvrent que Tetsuo a une structure proche d’Akira qui a détruit la ville 30 ans auparavant, ils décident de lui faire subir des tests afin d’en comprendre un peu plus sur lui. Tetsuo n’apprécie pas cette captivité et réussit à fuir l’hôpital où il est interné pour retrouver sa petite amie Kaori. Il veut quitter la ville avec elle mais ses migraines prennent le dessus permettant au docteur et au colonel de remettre la main sur lui avant sa disparition.

Bien qu’inquiet pour son ami, Kaneda semble davantage s’intéresser par Kei qu’au sort de Tetsuo. En voulant en apprendre plus sur elle, il se retrouve mêlé  malgré lui à un groupe antigouvernemental dont le but est d’en découvrir plus sur Akira et Tetsuo.

Alors que le groupe révolutionnaire infiltre la base des militaires, Tetsuo se découvre des pouvoirs télékinésiques et les utilise pour se libérer. Il découvre d’autres gamins aux visages âgés : une fille Kyoko et 2 garçons Takashi et Masaru. Apprenant qu’Akira est caché sous le stade olympique, Tetsuo décide de le voir.
Le colonel craint que Tetsuo soit une menace pour toute la ville. Comme les politiciens ne voient pas le danger qu’il représente, il fait un coup d’état et prend le contrôle du conseil d’administration de Neo Tokyo puis ordonne la loi martiale. L’armée trouve rapidement Tetsuo mais n’arrive pas à l’arrêter malgré leurs tanks.

Grâce à Kyoko, Kei et Kaneda sont libérés de la prison où ils ont été jetés après leur attaque de l’hôpital où été Tetsuro. Elle les enjoint à arrêter Tetsuo afin d’éviter une nouvelle explosion comme Akira l’a fait 30 ans auparavant. Kaneda se met dans une colère noire quand il découvre que parmi les nombreuses personnes que Tetsuo a tués depuis son évasion, il y a Yamagata, un des membres de son gang que Tetsuo a tué de sang froid lorsqu’il a tenté de l’arrêter. Kaneda est décidé à arrêter son ancien protégé à tout pris, même si il doit le descendre.

Au stade olympique, Tetsuo attaque la chambre cryogénique ou est congelé Akira. Il découvre avec stupeur, qu’il est mort depuis longtemps et que cette chambre ne contient que les restes de son corps qui a été disséqué pour étude après qu’il ait détruit Tokyo. Profitant qu’il est distrait par cette découverte, les militaires tirent sur lui avec un satellite équipé d’un canon laser. L’attaque ne l’a pas tué mais lui a pulvérisé son bras droit. Tetsuo s’envole jusque dans l’espace pour détruire le satelite. Grâce à son pouvoir, il se fabrique un bras métallique à partir de ses restes. Kaori, sa petite amie, le retrouve et semble l’accepter malgré quelques appréhensions.

Cependant, Tetsuo est toujours sujet à des migraines et le docteur confirme que son pouvoir continue d’augmenter plus vite que ce qu’il est capable de contrôler. Comme il ne prend plus de médicaments il reste de perdre le contrôle de son pouvoir. Le colonel décide d’aller parler à Tetsuo pour tenter de le convaincre de retourner à l’hôpital pour être soigner. Devant son refus et malgré une nouvelle crise, le colonel tire sur Tetsuo. Ses actions mettent Tetsuo dans une colère réduisant encore plus son contrôle sur son pouvoir. Son bras métallique redevient chair et menace d’avaler le colonel.

Kaneda arrive alors et utilise un canon laser pour arrêter l’ingestion. Tetsuo se concentre alors sur son ancien ami et utilise son pouvoir de télékinésie pour détruire le stade et le tuer. L’intervention de Takashi protège Kaneda de la mort. Les deux autres mutants arrivent pour ressusciter Akira. Kaneda profite de la confusion pour attaquer de nouveau Tetsuo. Alors qu’il allait l’achever, il le prend en pitié lorsqu’il comprend que Tetsuo est plus une victime qui subit son pouvoir qeu quelqu’un de fondamentalement mauvais. La souffrance induite par ce pouvoir va jusqu’à le transformer physiquement au point qu’il en perd son intégrité corporelle. Alors que Tetsuo est en train de perdre sa forme humaine, il supplie Kaneda et Kaori de l’aider mais ils ne savent pas quoi faire car Tetsuo grossit de plus en plus et finit par les envelopper. Sous la pression il écrase malgré lui la pauvre Kaori. Kaneda comprend qu’il risque de subir le même sort si il ne réagit pas. Comme il a toujours le laser en main, il tire à travers le corps de Tetsuo, ce qui finit par le libérer.

Alors qu’il continue de grossir de manière incontrôlé, les trois mutants réussissent à faire Akira. Son apparition crée une énorme boule lumineuse qui ressemble à celle qui a détruit Tokyo 30 ans auparavant. Kyoko téléporte le colonel loin de la zone à risque, près de l’entrée d’un souterrain où il pourra se protéger de l’explosion imminente. La lumière liée au retour d’Akira absorbe le monstre qu’est devenu Tetsuo. Kaneda rentre dans la lumière pour tenter d’aider son ami. Takashi veut secourir Kaneda, malgré l’avis de Kyoko et de Masaru, il rentre dans la lumière afin de l’aider. Les 2 autres le suivent finalement : ils ont hésité car ils savent qu’ils ne pourront plus la quitter s’ils rentrent dedans.
Kaneda revit les souvenirs des trois mutants et de Tetsuo.

Kaneda est au centre de l’explosion qui emporte une nouvelle fois Neo Tokyo. La boule de lumière se volatise dans une autre région de l’espace créant une sorte de Big Bang, apparemment Akira, Tetsuo et les trois mutants sont à l’origine d’un nouvel univers ce qui suggère indirectement qu’ils sont devenus des dieux.
Kaneda se réveille au milieu des décombres, les mutants l’ont finalement sauvé, il retrouve à son réveil Kei et une ville dévastée.