Christine : différences entre film et livre

Christine livre vs film

Chose rare, alors que le livre Christine de Stephen King n’était pas encore publié, le film était déjà sur les rails sous la direction de John Carpenter, ce qui fait que livre et film ont pu sortir la même année en 1983.

Bien entendu, le livre faisant plus de 470 pages, il a fallu revoir le scénario. Le scénariste Bill Phillips a fait un script plus court faisant entre 150 et 200 pages et, une fois approuvé par Stephen King, la production du film a pu être lancée. Il y a donc un certains nombre de différences plus ou moins importantes entre film et livre que nous allons récapituler ci-dessous.

Différences majeures

Voici les différences importantes entre le film et le livre, c’est-à-dire celles qui ont un impact sur l’histoire ou les personnages.

Christine

On lit parfois sur certains sites internet que Christine est un modèle à quatre portes dans le livre et seulement deux dans le film. Il est bien précisé dans le livre qu’il s’agit d’un modèle coupé hard top, c’est à dire une version deux portes, ce qui est aussi confirmé par la date d’acquisition. En effet, dans le livre, on apprend qu’elle a été acheté par LeBay en septembre 1957 pour 3000 $, il s’agit donc bien d’une Plymouth Fury modèle 58 qui n’était à l’époque disponible qu’en 2 portes (la version 4 portes le sera quelques mois plus tard).
Pourtant Stephen King fera une erreur en écrivant qu’Arnie « tenta d’ouvrir une portière arrière, qui céda en grinçant » ce qui laisse supposer que c’est une 4 portes alors que ça ne peut pas être le cas.

La couleur des Fury en usine n’était pas rouge mais blanche comme on peut le voir au début du film. Dans le livre, rien n’est dit sur l’origine de sa couleur rouge (en réalité, elle a probablement été repeinte après sa sortie du concessionnaire), dans le film, les scénaristes ont justifié la présence de cette couleur sur les lignes d’assemblage par une commande spéciale d’un particulier.

Pour incarner Christine, la production a acheté 24 voitures en plus ou moins bon état et, à partir de ce stock, ils ont a réussi à en réparer 17 pour le tournage. Parmi les 17 qui ont été reconstruites, toutes ne sont pas des Fury, certaines sont des Plymouth Belvedere de 1958. La Fury était la version sportive de la Belvedere, elle se caractérisait par un moteur plus puissant, des baguettes latérales dorées (éléments que le modèle du film n’a pas). Au final, seulement deux voitures ont survécu dont une avec boite manuelle. Sur cette dernière, l’intérieur n’avait pas été retapé car ce n’était pas nécessaire étant donné qu’elle avait les vitres fumées. Elle a été récupérée dans une casse et restaurée par un collectionneur passionné nommé Bill Gibson.

Une des grosses différences entre le livre et le film concerne la nature même de Christine. Le film sous-entend que dès sa construction Christine était vivante et maléfique (attaquant les gens de l’usine et tuant la famille de son propriétaire Ronald LeBay) alors que dans le livre, elle est fabriquée normale, puis est devenue maléfique sous l’influence de l’amour immodéré et malsain que lui porte Ronald LeBay au détriment de sa famille. En clair, dans le film Ronald LeBay est une victime alors que dans le livre il est la source du mal.

Comment se régénère Christine ?

Dans le film, Arnie répare vraiment sa voiture en récupérant des pièces dans la casse de Darnell ou en achetant certaines neuves. La première restauration est donc réellement faite par Arnie, la voiture voit alors son kilométrage baisser à chaque fois qu’Arnie « régénère » sa voiture à travers l’attention et l’amour qu’il lui porte. La seule pièce dont on peut avoir un doute est le pare-brise car les fissures se rétractent un peu d’elles mêmes au fil du temps, mais on ne saura pas si elles ont complètement disparu ou si le pare-brise a finalement été remplacé.

Dans le livre, on comprend qu’Arnie n’a jamais réellement restauré Christine, il s’asseyait simplement au volant puis s’imprégnait de l’âme de LeBay et durant ces moments où Arnie était dans un état second incapable de se souvenir de quoi que ce soit, la voiture se réparait d’elle même. Quant au kilométrage, contrairement au film où le kilométrage baisse alors que la voiture est statique, dans le livre, le compteur fonctionne à l’envers, donc plus la voiture roule, plus le kilométrage baisse.
En clair dans le film le kilométrage reflète « l’état de santé de la voiture » et c’est pour cela que lorsque Christine arrive à 99999 km sous les griffes du bulldozer, le spectateur sait qu’elle n’aura plus l’énergie de se régénérer (d’autant plus qu’Arnie qui constituait sa principale source de pouvoir est mort).

Dans le livre, Arnie explique que le kilométrage baisse parce qu’une pièce est probablement montée à l’envers, le kilométrage ne reflète donc pas « la réserve d’énergie vitale » de la voiture. Cela explique en partie pourquoi  alors qu’on pense que Christine est définitivement morte, l’épilogue sous-entends qu’elle est revenue à la vie comme dans toute série B de bas étage où le méchant maléfique n’est jamais vraiment mort quoi qu’on fasse.

Qui conduit Christine ?

Dans le livre, on sait dès le début que ça ne peut pas être Arnie qui est au volant lorsque des meurtres sont commis car dans certains cas il est à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui avec de nombreux témoins (lors du tournois d’échec par exemple) alors que dans le livre le suspense et le doute sont maintenus car lors des meurtres les vitres sont teintées de noir, on ne peut donc pas voir qui est au volant ou même s’il y a quelqu’un au volant. Dans le film, le seul moment où le spectateur est sûr que Christine se conduit seule, c’est après avoir été brûlée dans l’explosion de la station service et que Darnell ouvre la portière sur un habitacle vide.
Dans le livre en revanche dès le début on voit que c’est le cadavre de LeBay qui est au volant (parfois accompagné des zombis en putréfaction de ses précédentes victimes). Une fois, il sort même carrément de l’habitacle pour faire face à Buddy alors qu’il agonisait en haut d’une butte où il s’était réfugié pour se mettre hors de portée de Christine.

Le film est donc nettement plus palpitant car il maintient le spectateur dans le doute bien plus longtemps et va même le berner dans le combat final entre Christine et le bulldozer. En effet, le réalisateur fait croire au spectateur que la Christine se conduit toute seule car les vitres son fumées comme pour les précédents meurtres alors qu’en réalité Arnie était au volant surprenant ainsi le spectateur lorsque Arnie traverse le pare-brise.

Arnie

La façon dont Arnie acquière Christine n’est pas la même dans le film et le livre. Dans le film, Ronald LeBay, le propriétaire de Christine, est déjà mort, c’est son frère George qui se chargera de vendre Christine à Arnie et de raconter son histoire (George est un grossier personnage dans film mais pas du tout dans le livre où il est courtois et bienveillant). Dans le livre, Ronald (qui s’appelle Roland dans le livre) est un être mauvais depuis l’enfance (il a tué un camarade de classe et sa famille en incendiant leur maison à cause d’une banale dispute). Mal dans sa peau, se sentant sous estimé par tous, il a rapidement eu l’obsession de se payer une voiture neuve pour gagner en « statut social ». Il a longtemps économisé pour cela au détriment de la qualité de vie de sa famille, puis lorsqu’il a pu enfin se payer sa Plymouth Fury neuve, il a noué un lien quasi fusionnel avec Christine, l’imprégnant de son âme, puis, à la fin de sa vie, il va vendre sa voiture à Arnie (probablement pour passer le flambeau). Son décès survient peu après et son âme, qui semble liée à Christine, va alors chercher à prendre possession d’Arnie en détruisant sa personnalité pour la remplacer progressivement par la sienne.

Le propos du livre et du film sont donc complètement différent : le film raconte une histoire d’amour fusionnelle entre Arnie et une voiture jalouse, alors que le livre tourne autour d’une possession de l’âme d’un vivant par l’esprit d’un défunt maléfique.

La conséquence se ressent dans le comportement d’Arnie : dans le film Arnie aime sa nouvelle condition née de son amour pour sa voiture, et l’accepte sans aucune remise en cause ; dans le livre, Arnie lutte pour rester lui-même et sortir de l’influence de Ronald LeBay, malheureusement, il n’y parviendra pas. En effet, lorsque Christine est détruite par Dennis, l’âme de Lebay va chercher à tout prix à regagner le corps d’Arnie pour survivre. Arnie était au volant avec sa mère quand c’est arrivé et, en cherchant à lutter contre LeBay, il perdra le contrôle de sa voiture provoquant un accident qui sera mortel pour lui mais aussi pour sa mère qui était avec lui, quant à son père, il a été tué par étouffement un peu avant par Christine lorsqu’il a fait la bêtise de s’asseoir dedans, alors que Dennis lui avait expressément dit de ne pas s’approcher de Christine.
En revanche, le film est moins sombre car la mère et le père d’Arnie restent en vie, quant à Arnie, il sera accidentellement tué par Christine lorsque la voiture heurtera le bureau de Darnell et qu’Arnie traversera le pare-brise.

 

 

Darnell

Dans le film, Christine tue Darnell en l’étouffant, pour éliminer un témoin gênant parce qu’il l’a vue rentrer complètement carbonisée. Dans le livre, Christine tue Darnell ppouor sortir Arnie d’une mauvaise passe avec la police. En effet, il faut savoir que Darnell se sert d’Arnie pour convoyer des cigarettes de contrebande contre une généreuse rétribution et un jour Arnie il se fait un jour pincer par la police qui veut l’obliger à dénoncer Darnell contre l’abandon des poursuites contre lui. Malheureusement Arnie ne veut pas et ne peut pas dénoncer son employeur car il en sait trop sur Christine et qu’il peut se servir de ses infos pour le faire chanter. Christine va donc éliminer Darnell en traversant le salon de sa maison. Une fois mort, Arnie n’a plus de raison de couvrir Darnell et peut donc lui faire porter la culpabilité du trafic pour se blanchir.

 

L’inspecteur

D’une façon générale, Christine n’aime pas que la police vienne lui tourner autour. Dans le livre l’inspecteur qui enquêtait sur la mort des voyous qui ont vandalisés Christine, va se faire tuer (alors que dans le film il survit) et c’est un de ces anciens collègues qui a repris l’affaire qui va demander à Dennis de lui raconter la vérité sur Christine et les meurtres qu’elles a fait. Puis après il va couvrir Dennis en faisant disparaître les reste de Christine dans une broyeuse et en faisant un rapport de police qui exclu l’implication de Dennis.

 

La virée

Dans le livre, lorsque Arnie et Dennis font une petite virée à bord de Christine, Arnie va se transformer en Ronald LeBay et ils vont se retrouver quelques minutes en 1958. Dans le film, Arnie va rester lui-même (avec un air de psychopathe) et laisser Christine prendre les commandes cependant, ils ne changeront pas d’époque.

 

La fin

Dans le livre, un des voyous de la bande qui a vandalisé Christine échappe à sa vengeance, alors que dans le film, toute la bande est tuée dans un laps de temps court. Cela dit, le malheureux survivant n’aura eu qu’un sursis, en effet, quatre ans plus tard, Dennis (qui s’est séparé de Leigh) apprend dans le journal que ce dernier voyou s’est fait écrasé par une voiture non identifiée. Bien que Christine ait été concassée dans une presse hydraulique, Dennis est convaincu qu’elle s’est reconstruite et que c’est elle la responsable. Il pense aussi que ce voyou n’est que le premier de la liste et que Christine ne va pas tarder à s’en prendre à lui et Leigh.
Dans le film, il est peu probable que Christine puisse se reconstruire, on l’a vue vieillir prématurément au niveau de son compteur lorsqu’elle luttait contre le bulldozer. Bien qu’un bout de métal bouge légèrement de la carcasse compactée, sa capacité de régénération a été atteinte (cela explique pourquoi Arnie l’avait trouvée à l’état d’épave au début, elle était là aussi dans l’incapacité de se régénérer).

 

Différences mineures

Pour finir, voici quelques différences qui n’ont aucune incidence sur l’histoire :

  • Dans le film Christine est détruite par la bande à Buddy dans le garage de Darnell alors que dans le livre, ça se passe sur le parking d’un aéroport grâce à la complicité du gardien qui est un ami de Buddy.
  • Dans le film, la première victime de Christine est écrasée contre un mur alors que dans le livre il se fait rouler dessus plusieurs fois.
  • Dans le film le reste de la bande va mourir dans l’explosion d’une station service et Buddy va se faire rouler dessus.
    Dans le livre le reste de la bande meurt après une course poursuite qui se solde par une sortie de route mortelle pour tous les occupants (dont un innocent) sauf Buddy qui sa s’extirper de la carcasse de sa voiture. Il va ensuite éviter les assauts de Christine plusieurs fois et se réfugier en hauteur là où elle ne peut pas l’atteindre. Mais alors qu’il se croit tiré d’affaire, le fantôme de Lebay apparaîtra devant lui sous forme d’un cadavre en putréfaction et, sous les yeux de cette apparition, Buddy va mourir d’une hémorragie interne due à l’accident de voiture qu’il vient d’avoir.
  • Le film prend place en Californie (là d’où vient K2000) alors que dans le livre, l’action se situe en Pennsylvanie.
  • Le cocktail Texas Driver plusieurs fois évoqué dans le livre est absent du film. En soit, cela n’a aucun intérêt, sauf si on a déjà lu le livre Ça du même auteur. En effet, une allusion est faite à Christine à la fois à travers la présence d’une Plymouth Fury 1958 rouge et blanche, mais aussi par la présence d’une bouteille de Texas Driver dans ce véhicule.
  • Dans le film, Christine est détruite avec un bulldozer, alors que dans le livre, Dennis utilise un camion de vidange de fosse septique (c’est moins classe).

 

Bonus

La série Code Quantum se permet un petit clin d’œil à Christine. Les héros utilisent une réplique de Christine à l’épisode 5 de la saison 3 « Le diable par la queue » (un épisode sur des démons). Pour parachever le clin d’œil, on découvre à la fin de l’épisode que le nom de la mère du jeune voisin Stephen est « Mrs King ».

De même, dans le livre De nulle part à nulle part, au chapitre 18, il est fait référence au film de Christine, puis plus tard au chapitre 45 à travers une Plymouth Fury 1958 rouge garée à côté de la voiture d’Emeric. La présence de cette Plymouth vient cristalliser les craintes du personnage principal de finir comme Arnie à cause de sa voiture. Ceux qui aiment Christine accrocheront sans peine à ce roman.

Dans l’épisode 1 de la saison 3 de Futurama, Christine fait une apparition en tant que voiture garoute qui attaque Bender et le contamine.

Dans l’épisode 11 de la saison 11 de South Park, Christine fait une apparition dans le monde imaginaire d’Imaginationland parmi tous les personnages imaginaires maléfiques qui attaquent les héros.

Pour le fun, voici un fan art de Christine transformée à la sauce Cars.

Pour finir, sachez qu’un modèle réduit 1/18ème de Christine a été éditée en 2013 pour fêter le trentième anniversaire du film, puis une nouvelle version a été produite en 2014 avec les phares qui s’allument (voir notre chronique détaillée).

Galerie

6 réponses à Christine : différences entre film et livre

  1. Maxence dit :

    Merci pour cet article super complet, j’adore le film mais n’avais pas lu le livre et je ne pensais pas qu’il y avait autant de différences. C’est bien sympa d’avoir aussi donné quelques infos techniques et historiques sur la Fury.

  2. Kobalt dit :

    Je suis déçu, je connaissais que le film et je viens de lire dans cet article que dans le livre Dennis et Liegh ne sont finalement pas restés ensemble, c’est un de mes souvenirs de jeunesse qui vient d’être blessé… T_T

  3. jean-pierre dit :

    Vous dites au début de votre article « On lit parfois sur certains sites internet que Christine est un modèle à quatre portes dans le livre et seulement deux dans le film. Cette affirmation est fausse ».
    En fait, lors de la première rencontre avec Christine, Stephen King précise bien que c’est une Plymouth Fury 1958, mais quelques lignes plus bas, il écrit en parlant d’Arnie « Il tenta d’ouvrir une portière arrière, qui céda en grinçant ». L’affirmation n’est donc pas fausse, il s’agit d’une erreur de l’auteur.

  4. Phil dit :

    Bonjour,
    Vous dites  » (…) ce qui est aussi confirmé par la date d’acquisition. En effet, dans le livre, on apprend qu’elle a été acheté par LeBay en septembre 1957 pour 3000 $, il s’agit donc bien d’une Fury modèle 58 qui n’était à l’époque disponible qu’en 2 portes (la version 4 portes le sera quelques mois plus tard) »
    Je ne suis pas d’accord, les modèles Plymouth 1958, Fury, y compris les Fury. Les Fury n’ont jamais existé en 4 portes jusqu’au modèle 1959 (où on trouve les Fury et Sport Fury). Le prix d’une Fury 1958 était bien de 3000 $ (3032 exactement). Les Fury ont une calandre et des flancs anodisés or et non argent. Et en effet une seule couleur (Bucksin Beige) mais comme cité le client pouvait demander une couleur spéciale. Le moteur dans le film est le Golden Commando de 5,7 L, moteur optionnel sur toute la gamme Plymouth pour 324 $. Enfin je crois, il faudrait que je revois la baie moteur et voir si l’allumeur est à l’avant ou à l’arrière (pour le « Dual Fury » de 5.2 L, moteur de base des Fury).
    Je n’ai pas relu le livre mais si la voiture a été achetée en septembre 1957 alors ça devrait être un modèle 57 ! Mais LeBay a pu commander un modèle 58 en septembre.

  5. Phil dit :

    Il manque une partie de ma réponse (ma faute !) … les modèles Plymouth 1958, Fury, y compris les Fury sont en vente le 16 octobre 1957.

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