Pourquoi la France ne peut pas avoir les mêmes jouets que le Japon ? – Partie 5

Conférence Licencing et produit dérivé - Partie 5 : Pourquoi la France ne peut pas avoir les mêmes jouets que le Japon ? (Japan-Expo 2009)

Au Japon, le mode d’attribution des licences diffère énormément du reste du monde ce qui explique certaines problématiques au niveau de l’import des produits dérivés. Cette différence de fonctionnement fait que la plupart des éditeurs étrangers qui ont tenté d’importer et de diffuser des animés Japonais dans leur pays n’ont pas réussi à travailler dans la durée avec eux. Finalement, ils sont rapidement ressortis de ce genre de partenariat.

L’éditeur Kaze fait figure d’exception, il a été parmi les premiers en France à éditer des animés Japonais dans les années 90 par conséquent Cédric Littardi, le président de Kaze, a acquis avec le temps une très bonne compréhension du mode d’attribution des licences.

Licences difficiles à acheter aux Japonais

Il nous apprend qu’il existe au Japon le système de « Comité » où les fabricants et les producteurs se réunissent pour financer une série et s’attribuer dans la foulée les licences qui en découlent. Ce système permet de partager le risque financier à plusieurs et donc de facilement et rapidement trouver des fonds pour lancer une série de 13 ou 26 épisodes. De plus, comme le périmètre de chaque intervenant est parfaitement défini, ils sont rodés à la mise en place rapide de produits dérivés pour que leurs sorties coïncide avec la sortie du produit premier (Manga, série TV ou film). L’inconvénient est que la répartition des licences est uniquement pensée par rapport au marché national. Par conséquent, dès lors qu’un intervenant extérieur arrive, les membres du Comité ne savent plus comment gérer cette situation. Il y a plusieurs raison à cela, tout d’abord rien n’a été prévu pour l’international, ensuite parce que les accords passés entre eux ne sont souvent mis par écrit dans un contrat que un an après le lancement de la série. Du coup, il n’existe même pas un document papier sur lequel se baser pour négocier des accords internationaux.

Alors qu’en France, les détenteurs de licences vont vers les industriels pour tenter de les convaincre d’acheter et d’exploiter une licence, au Japon c’est l’inverse. Lorsqu’on ne fait pas partie des investisseurs de départ, il est tellement compliqué pour les japonais de sortir de leurs modèles d’attributions que dans un premier temps, il faut d’abord réussir à les convaincre de l’intérêt de vous vendre une licence.

Jouets japonais impossibles à importer

Il existe un autre frein à l’importation de produit venant du Japon. Comme nous l’explique Yvan West Laurence (fondateur et ancien rédacteur en chef d’Animeland), lorsqu’une série Japonaise est vendue à une chaîne française, elle achète souvent par la même occasion le droit de commercialiser les produis dérivés sur le territoire de diffusion. Du coup, même si Bandai Japon fabrique de superbes jouets sur des thèmes qui sont très connus en France (les Chevaliers du Zodiaque, Goldorak, Akira…) Bandai France n’a pas pour autant le droit de les commercialiser dans notre pays. Ceci explique donc pourquoi Bandai France a dû commercialiser des maquettes de Gundam (inconnu chez nous) au lieu de commercialiser celles d’Evangelion (bien plus réputé). Les nouvelles figurines des Chevaliers du Zodiaque (Myth Cloth) ont pu finalement être commercialisées en France car les employés de Bandai France se sont battus pendant longtemps pour obtenir les droits auprès de ceux qui les détiennent sur le sol Français. C’est pour cette raison que sur les emballages figure le logo d’AB Production qui est le détenteur des droits de produits dérivés et qui fut le premier à avoir fait diffuser cette série sur la chaîne française TF1.

Myth Cloth Packaging japonaisMyth Cloth de l'Hydre par Bandai

Droits de Merchandising : Priorité à l’acheteur du produit premier

Les acheteurs des séries TV obtiennent plus facilement l’exclusivité des droits de produits dérivés sur leur territoire national car ils prennent le plus gros risque financier. En effet, lorsqu’ils achètent une série, ils n’ont aucune garantie qu’elle aura du succès dans leur pays. Il est donc normal de leur céder aussi les droits des produits dérivés pour rétribuer le risque qu’ils vont prendre en tentant de faire connaître le produit premier (série TV, manga, film).
Malheureusement les produits dérivés édités sur le marché français sont rarement respectueux de leur clientèle. Les détenteurs des droits n’hésitent pas à produire n’importe quoi, même si c’est de mauvaise qualité pourvu que ça leur rapporte de l’argent.
Pourtant, importer directement des produits conçus pour le marché Japonais n’est pas forcément un mauvais calcul économique. En effet, comme les moules sont déjà fabriqués et rentabilisés, produire d’autres pièces est donc automatiquement moins onéreux que d’en développer de nouvelles. Malgré l’intérêt économique et qualitatif que représente l’import de jouets japonais, cette piste n’est pas toujours envisagée par les fabricants français (faut bien faire tourner ses propres usines).

Evolution positive du marché

Cependant, les détenteurs de droits commencent à se rendre compte que proposer des jouets bien réalisés (importés ou non) permet de séduire une clientèle plus exigeante (ados, parents ou  collectionneurs) qui est prête à débourser plus à condition que la qualité soit au rendez-vous. Les mentalités des industriels et des producteurs changent doucement pour le plus grand bonheur des fans qui trouvent de plus en plus souvent de quoi satisfaire leur passion dans les rayons des boutiques spécialisées et même parfois dans les magasins de jouets.

Suite Partie 6/6 : Pourquoi le Japon sait mieux exploiter ses licences que la France ?

Retour Partie 4/6 : Problématiques de diffusion

 

Site officiel de Kaze : http://www.kaze.fr

 

Galerie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

*


Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>