T34 : L’Anniversaire d’Astérix et Obélix (le livre d’Or)

Tome 34 : L’Anniversaire d’Astérix et Obélix (le livre d’Or)

Dans ce tome 34 d’Astérix, il ne s’agit pas de fêter l’anniversaire réel d’Astérix et Obélix comme dans Astérix et la Traviata, mais de fêter les 50 ans de la création de ces deux personnages créés en 1959 par René Goscinny (scénario) et Albert Uderzo (dessin).

Il s’agit d’un album un peu à part, composé d’un mélange de planches de BD, de pleines pages d’illustrations détournant des tableaux célèbres et d’une parodie de guide touristique.
L’ensemble sert de prétexte pour faire venir un très grand nombre de personnages issus des albums précédents qui viennent rendre hommage aux deux gaulois.

Le résultat est très déroutant car on se demande s’il s’agit encore d’une BD. Il n’y a pas d’histoire à proprement parler, mais un regroupement d’une douzaine de thèmes dont l’enchaînement n’est pas toujours harmonieux. L’essentiel de l’humour de cet album se fait à travers des références historiques ou le détournement de tableaux, ce qui fait qu’un jeune lecteur risque de passer à coté sans comprendre grand-chose. On est donc bien face à un produit destiné aux fans adultes d’Astérix.

Cependant, en tant qu’adulte, la lecture de cet album ne m’a pas franchement enthousiasmé. Il est incontestable que les dessins sont magnifiques et que le travail de détournement des tableaux célèbres relève d’une grande finesse graphique, mais l’absence de fils conducteur et le manque d’équilibre entre les pages font que la lecture de ce tome finit par être laborieuse. On passe de cases de BD à des pages de texte pour revenir à des pages d’illustrations quand ce n’est pas un mélange des deux…

Les incohérences sautent aux yeux, par exemple le metteur en scène rencontré dans Astérix et le chaudron était censé avoir fini ses jours dans une ultime représentation dans le cirque de Rome avec des lions. Et là on le retrouve en pleine forme en train de monter un spectacle en l’honneur d’Astérix et Obélix. C’est sûr que cette série n’est pas du genre à laisser des personnages mourir, alors c’est excusable.

Ce qui est moins acceptable c’est de laisser un lecteur payer pour un exercice d’auto satisfaction comme celui-ci. C’est sympa de s’envoyer des fleurs en rappelant le succès de la série et en étalant la galerie de personnages et de pays croisés en 50 ans, mais faire quelque chose de plus cohérant et novateur n’aurait pas fait de mal.

En cela l’idée de faire vieillir les personnages de 50 ans au début de l’album était une approche rafraîchissante. Cette expérience est un peu courte à mon goût et aurait mérité d’être d’avantage exploitée. Elle se clôture un peu trop vite par l’arrivée d’Uderzo qui se vante d’avoir réussi une expérience unique dans les annales de la BD en vieillissant ses personnages pour leur donner l’âge réel qu’ils auraient. C’est relativement prétentieux comme affirmation et montre une certaine méconnaissance de l’univers de la BD. Par exemple, Akira Toriyama avec Dragon Ball et Tsukasa Hojo avec Angel Heart ont bien avant Uderzo tenté d’expérience de vieillir leurs personnages principaux en montrant le poids du temps. Sauf que ces deux auteurs là ne se sont pas contentés de faire l’expérience sur seulement quatre pages.

En voyant une telle arrogance, je me dis qu’Uderzo a bien eu raison de marquer au début de l’album que "les imbécile ont l’immense vertu de toujours croire à ce qu’ils pensent, ce qu’ils disent et ce qu’ils écrivent". Malheureusement pour lui, il est tellement convaincu de sa supériorité qu’il n’arrive même pas à voir l’ironie d’avoir eu la bêtise d’écrire une telle phrase dans son propre album.

Au final, ce « Livre d’Or » aura au moins le mérite d’éviter à la série d’Astérix de finir sur le Tome 33 qui était un vrai désastre à tous les niveaux. Cet album évoque fortement un défilé d’acteurs à la fin d’une représentation lorsqu’ils viennent tous sur scène sous les applaudissements pour saluer une dernière fois son public. Sauf que là, on a l’impression que le rideau vient de se baisser pour la dernière fois et que l’album sent légèrement le sapin car il est probable qu’il sera le dernier dessiné par Uderzo.

Cependant, soyez rassuré ce n’est pas la fin des Aventures d’Astérix pour autant. En effet Uderzo a donné l’autorisation pour que sa série soit reprise par d’autres auteurs après sa mort.
Quoi qu’il en soit, si vous souhaiter trouver un produit qui marquera dignement les 50 ans d’Astérix, je vous recommande plutôt la Bagarre du Village faite par Attakus pour fêter cet événement, le seul inconvénient c’est qu’il est bien plus onéreux qu’un album.
 

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