Décès de Satoshi Kon (Roujin Z, Perfect blue, Patlabor 2, Paprika….)

Satoshi Kon

Satoshi KON avait 46 ans et des projets plein la tête. Son cinquième film, Yume Miru Kikai est au point mort depuis le 24 aout 2010 du fait de la disparition prématurée de cet artiste talentueux. Son cancer, découvert très tardivement, a malheureusement eu le dessus. Il nous reste néanmoins ses oeuvres dont certaines sont parues en France. Des longs métrages : Perfect Blue, Tokyo Godfather, Millenium Actress, Paprica, mais aussi une série télé Paranoïa Agent et un superbe Manga : Retour vers la mer.

Un décès préparé mais caché

Fort et cynique jusque dans la mort. Satoshi Kon nous explique, dans un long texte posté sur sa page internet, comment il a choisi d’organiser son départ lorsqu’on lui a découvert un cancer du pancréas le 18 mai 2010. Les médecins ne lui donnaient pas six mois à vivre, ils avaient malheureusement raison. Ce décès a stupéfait le monde entier. Tenue secrète, sa maladie n’a été révélée que tardivement à ses proches. Il a même caché son état à ses parents jusqu’à ce qu’il n’est plus la force de leur rendre visite de lui-même. Seuls ses amis très proches ont été mis au courant, afin d’organiser avec lui une société de gestion de ses droits d’auteurs, "Kon’s tone". Refusant de mourir dans un hôpital froid et sans âme, il a tout fait pour rester chez lui, auprès de sa femme. Il conclut sobrement son texte par cette formule de politesse japonaise que l’on dit lorsque l’on quitte un groupe de personne « O-saki ni » que l’on traduira le plus simplement possible par « C’est avant vous que je pars ».

Néanmoins, son oeuvre lui survivra et surtout son ami et producteur Masao Maruyama, fondateur de MadHouse lui a répondu, alors qu’il s’inquiétait de la suite à donner à « Yume Miru Kikai » son film en chantier, « C’est correcte, ne t’en soucis pas nous ferons tout ce qu’il faut ».

 

Parcourt

Satoshi Kon est né le 12 octobre 1963 à Kushiro sur l’île de Hokkaidō, Dés 1982, après les années lycée, il intègre l’Université d’Art de Musashino, dans la banlieue de Tōokyoō où il perfectionnera son graphisme. 

D’abord assistant de Katsuhiro Otomo sur Akira. Les deux hommes collaboreront extrêmement souvent ensuite, notamment lorsqu’il fut question d’adapter en manga World Appartement Horror, le film live que Otomo venait de tourner. Juste avant, en 1990 Satoshi Kon publiait son premier manga ayant l’honneur d’avoir une édition reliée, Kaikisen. À la fois Scénariste et dessinateur, ce manga fait partie des oeuvres que les Japonais ont essayé de promouvoir en France du fait du succès naissant d’Akira. Ainsi, lors du second festival de bande dessinée de Grenoble en 1990 son éditeur, Kodansha, avait dans ses bagages ce recueil qu’il venait juste de publier au Japon. La sauce n’a pas pris immédiatement et il faudra attendre plus de 10 ans pour qu’une version française voie le jour en 2004 chez Casterman dans la collection Sakka. Malheureusement passé inaperçu au milieu de la multitude de titres publiés à ce moment-là et à cause de son prix plus élevé, 11€. Néanmoins, cette histoire aurait méritais un meilleur traitement.

Satoshi Kon s’est également investi dans l’animation. Son parcours a été semé d’embuches et l’ambition de ses projets a souvent dépassé celle de ses producteurs.

Au départ simple employé, il fera ses armes sur Roujin Z en tant que concepteur des décors. Puis travaillera avec Mamoru Oshi sur Patlabor 2, sur les OVA de Jojo’s Bizarre Adventure et obtiendra, toujours grâce à Otomo, une place de choix sur le film à sketches Memorise pour lesquels il s’occupera tour à tour des croquis, du design des décors et du scénario pour le premier chapitre, Magnetic Rose

En 1997, il passe à la réalisation de son premier film, Perfect Blue. L’histoire basée sur un roman de Yoshikazu Takeuchi se verra totalement remaniée, car Satoshi Kon ne trouve pas le scénario assez fort à son gout. Il finira par avoir carte blanche s’il respecte les trois thèmes de base du livre, à savoir : "idole", "horreur" et "admirateur monomaniaque". Prévu au départ pour une sortie vidéo, il sera finalement diffusé au cinéma avec le succès que l’on connait maintenant. Cela lancera réellement sa carrière. 

Il réalise ensuite Millennium actress (2002), puis Tokyo godfathers (2003) et en 2004 il fait un bref crochet par la télévision avec la série Paranoia agent pour enfin revoir au cinéma en 2006 avec Paprika un projet qu’il avait dans ses cartons depuis presque 10 ans.

Un style à part

Tous ses dessins animés ou presque mettent l’accent sur la réalité subjective notamment au travers des rêves et leurs interconnexions avec le monde réel. Le summum dans la recherche scénaristique, il faut la chercher dans Paranoia Agent, la plus personnelle des oeuvres de Satoshi Kon. Il disait lui même avoir pris toutes les idées qu’il a eues et qu’il aurait voulu intégrer dans ses films et au lieu de les jeter, car inadapté au projet sur lesquels il travaillait,  il en a fait un mix exploitable sur la longueur dans une série.

 

Très impliqué dans le monde de l’animation, il ira même à participer à la création de la Japan Animation Creators Association (JANICA) et à s’impliquer personnellement dans de nombreuses conférences, au Japon comme à l’étranger, durant lesquels il n’hésitait pas à parler de son travail et ainsi partager son savoir-faire.

 

Satoshi Kon était un homme timide, mais bon vivant, avec un talent indéniable et une générosité appréciable dans ce milieu. Son oeuvre heureusement lui survivra.

 

 

Galerie

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