Arthas, l’ascension du Roi liche (Warcraft)

Couverture du livre Athas, l'ascension du roi liche

Panini Books a été bien inspiré de sortir Arthas l’ascension du Roi Liche, l’auteur Christie Golden va offrir aux fans de Warcraftwa une occasion valable de lâcher leur clavier.

Le scénario s’inspire de Warcraft 3 et de son extension The Frozen Throne. Le livre revisite la vie du courageux prince Arthas qui malgré une jeunesse dorée dans le palais de Lordaeron n’a pas hésité à prendre les armes pour défendre son pays.
Ne reculant devant aucun sacrifice pour sa patrie, il y perdra son âme en devenant le Roi Liche et deviendra malgré lui le pire ennemi de sa nation allant jusqu’à tuer le roi, son propre père.
Cette tragique histoire recèle tous les ingrédients de base pour faire un succès, mais comme toute recette, il faut savoir doser ces composants pour en faire quelque chose de digeste.

Une adaptation en roman réussie

Lorsqu’on adapte un jeu vidéo en roman, on peut être tenté de bâcler le travail en partant du principe que le produit sera un succès qu’il soit bon ou médiocre. Les éditeurs savent que, même si le produit est mauvais, il existe toujours un vivier important de fans qui ne peuvent s’empêcher de l’acheter.

Heureusement, ce n’est le cas pour cet ouvrage, l’auteur  Christie Golden a pris son travail à coeur pour offrir un ouvrage vraiment brillant à la hauteur de la réputation des jeux dont il est tiré.

L’auteur a réussi le tour de force de rendre la narration passionnante bien que les fans connaissent déjà la trame générale de l’histoire et surtout la fin.

Des rajouts intéressants

Pour arriver à un résultat aussi réussi, l’histoire commence bien en amont du jeu. Contrairement à Warcraft 3le livre démarre au moment où le prince Arthas a neuf ans et raconte ses premières années de vie : sa formation en tant que Guerrier de la Lumière, ses aventures avec le cheval Invincible, sa première rencontre avec Jaine Portvaillant, la concurrence pour elle avec le prince Kael’Thas.

Tous ces aspects méconnus de la vie d’Arthas donnent progressivement de l’épaisseur au personnage. Cela contraste fortement avec les jeux vidéos qui plongeaient le joueurs directement dans la peau du prince adulte. Pour vous donner un ordre d’idée, le Fléau n’est abordé qu’à partir de la page 120 sur les 350 que compte le livre.

De plus, certains passages sont axés sur l’émotion comme celui du mariage de la soeur d’Arthas (Calia) qui apprend qu’elle est promise à Prestor qu’elle ne connait même pas. Cela donne au final une palette émotion et de personnages assez variée pour passionner le fan comme le néophyte.

Une approche très différente du jeu

La narration prend le contre pied total du jeu vidéo. Alors que ce dernier s’axe sur les combats, le livre n’en décrit que très peu. Ceux racontés ont un rôle clé dans le développement d’Arthas et se focalisent en général sur un autre personnage (comme Sylvanas) qui est suffisamment important pour influencer la psyché du héros

C’est là tout l’intérêt du livre, en se concentrant sur le développement psychologique des personnages, le lecteur découvre avec un œil neuf un univers qui lui est pourtant très familier. Cette approche permet de mieux cerner comment un prince béni par la Lumière (Arthas est un paladin) a pu devenir le Roi Liche. Les étapes qui vont amener progressivement Arthas à changer son fusil d’épaule sont parfaitement décrites nous permettant de réaliser comment les meilleures intentions du monde (défendre son royaume contre le Fléau) vont plonger le prince dans un extrémisme total, lui faisant oublier jusqu’aux raisons qui l’ont poussé à se battre.

A chaque étape de cette sombre décadence, la nouvelle manière de penser du personnage est parfaitement décrite nous permettant de mesurer l’ampleur de sa métamorphose. Le reste d’humanité qu’il a ne lui permet plus de réaliser la porté des actes atroces qu’il commet : il détruit sans montrer de pitié trois villes parmi les plus importantes du monde. On ressent aussi toute la perversité de son pouvoir, car comme son armée est composée de morts, plus il tue d’ennemis, plus ces derniers viennent grossier sa force.

L’auteur utilise judicieusement le regard de Sylvanas Coursevent afin d’offrir au lecteur un autre angle de vue sur la portée de l’esclavagisme imposé aux morts-vivants par le Roi Liche.

Du fan service réussi

Christie Golden n’oublie pas que sa clientèle est surtout composée de passionnés, elle a donc veillé à introduire des passages dans l’histoire qui, même si ils n’ont aucun impact sur la vie d’Arthas, permettent de parler d’un personnage central de l’univers de Warcraft. Nous avons à faire à du fan service pur, mais très bien amené.

Par exemple, la présentation des personnages de Thrall et de Tabetha dans la première partie de l’histoire peut dérouter un néophyte, mais les connaisseurs reconnaissent un des héros principaux de Warcraft. En effet, rappelons que Thrall deviendra plus tard chef la nouvelle horde et ce passage est une belle occasion de mettre en avant sa force.

Et World of Warcraft dans tout ça ?

Malgré ses immenses qualités et le plaisir de le lire, cet ouvrage possède un gros défaut : l’histoire ne couvre que le scénario du jeu vidéo Warcraft 3.

Pourtant Arthas / le Roi Liche est le personnage central de la deuxième extension du MMO World of Warcraft au point que l’extension porte son nom : La Colère du Roi Liche.

Cela pose deux problèmes. Le premier est gênant car certains esprits verront un contresens dans le livre. En effet, dans le prologue et l’épilogue, Arthas rêve qu’il parle avec trois personnes : l’orc Nez’rhul, l’ancien Roi Liche, et son moi jeune. A la fin du livre, le prince déchu décide de tuer ce dernier. Or on retrouve ce dernier interagir avec le joueur dans la Couronne des Glaces (une zone de l’extension). On peut imaginer des explications pour cette invraisemblance, mais aucune ne semble convaincante au premier abord. Les passionnés de l’univers y verront un manque flagrant de cohérence. C’est dommage car le reste du livre est calibré pour eux. Ce point est d’autant plus gênant que la symbolique proposée par l’auteur est pertinente : l’enfant (le coeur de l’homme) est tué par son moi adulte au moment où Arthas décide de préparer l’invasion du monde des vivants.

Le second point est un regret : il se passe au moins 5 ans entre Warcraft 3 et l’extension, pendant ce laps de temps, Arthas a préparé son armée et a réalisés d’autres mésactions. Même si son âme est déjà maudite, il aurait été intéressants de raconter cette période sombre. C’est d’autant plus dommage que les mécanismes de World of Warcraft ne facilitent pas la narration d’histoire (aller chercher une quête à un endroit, la résoudre, la rendre pour en prendre une deuxième).

Un style un brin chargé

La lecture est généralement fluide, mais parfois certains passages s’enlisent dans des descriptions aussi interminables que les phrases qui les accompagnent.

Du coup, cela fini par perdre au lecteur le fils du récit. Il s’agit d’un détail car le livre reste facile à lire. Cependant,  les amateurs du jeu sont plutôt habitués aux dialogues qu’au style littéraire. Il est donc légitime de se demander si un style plus direct n’aurait pas été plus adapté à la cible visée.

Un livre accessible, même à ceux qui ne connaissent pas l’univers

Christie Golden réussit son pari d’offrir un livre accessible à tous, même à ceux qui n’ont pas joué à aucun des jeux de l’univers Warcraft.

Certaines références seront bien évidemment perdues mais mêmes les passages de fan service (cf ci-dessus) donnent un éclairage particulier sur Arthas.

Malgré tout, certains points risquent d’interpeller le lecteur, en particulier le passage sur Archimonde qui n’est qu’effleuré alors que ce passage est un période clé dans l’histoire d’Azeroth. De même, la Légion ardente (qui utilise le Fléau pour détruire Azeroth) n’est pas bien décrite, et le personnage Illidan n’est pas introduit alors qu’il est le dernier rempart pour empêcher Arthas de devenir le Roi Liche.

Cependant, ce n’est pas trop gênant et cela peut être une bonne raison au le lecteur curieux de se documenter sur cette partie de l’histoire.

Conclusion

Au final, Arthas l’ascension du roi liche est un bon roman qui se laisse lire facilement et avec plaisir. Il aborde avec brio un des personnages les plus intéressants de l’univers World Of Warcraft en remettant en perspective ce que nous savions déjà de lui afin de mieux comprendre comment un ange peut devenir démon.

L’histoire complète du roman est dans la fiche sur le personnage Arthas.

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2 réponses à Arthas, l’ascension du Roi liche (Warcraft)

  1. nya dit :

    Et je pense qu’il faut signaler la piètre traduction française, bourrée de fautes, à la limite de l’illisible, une véritable honte…

    • Jérôme COGNET dit :

      J’ai travaillé directement sur la version française et effectivement, certaines phrases étaient tordues. Je ne sais cependant pas si c’était le cas déjà en version originale.
      Plus d’un après la sortie du livre en France, mon regret est qu’il n’explique pas bien la fin d’Arthas. Le livre semble indiquer qu’il laisse de côté tout sentiment humain tandis que la fin de l’extension La colère du roi liche montre que le personnage a des regrets. Et si au final, le roi liche avait conservé ses secrets ?
      D’autans plus que (je cite un forum officiel http://eu.battle.net/wow/fr/forum/topic/2283509146) « Arthas et Ner’zhul n’ont pas complètement relâché la pleine puissance du Fléau au cours de leurs règnes respectifs ».

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