Interview de Shiitake (nobi nobi!)

Shiitake (nobi nobi!)

Shiitake est une artiste Japonaise qui s’est faite remarquer auprès du public français grâce aux magnifiques illustrations qu’elle a dessinées pour l’éditeur de livres pour enfants nobi nobi. Son premier livre Kaguya, la Princesse au clair de Lune a marqué par la poésie qui se dégage de ses dessins, et le second Yôsei, dans le secret des fées reste dans cet univers qui mélange harmonieusement poésie et féerie.
 
Lors de sa venue en France pour Japan Expo 2012, Shiitake avait son propre stand où elle présentait quelques superbes art-book qui nous ont permis de découvrir un autre aspect de son travail. Nous avons profité de son passage en France pour en apprendre un peu plus sur elle lors d’une interview qu’elle a eu la gentillesse de nous accorder.

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 Kaguya, la Princesse au clair de Lune (nobi nobi !) Yôsei dans le secret des fées (nobi nobi !)

Quelles sont les œuvres qui t’ont marquée ?

Je dessine depuis que j’ai 6 ans, mais je ne peux pas vraiment dire ce qui a influencé mon style car lorsque j’étais toute petite, je regardais très peu de mangas ou d’animés. Le seul qui m’a véritablement marqué a été Sailor Moon que j’aimais beaucoup.

As tu eu une formation particulière en art graphique ?

Non, pas spécialement. Jusqu’au Bac, j’ai eu quelques cours de dessins, mais ce n’était pas dans une école d’art, c’était uniquement dans le cadre du cursus scolaire normal.
Pour mes études supérieures, j’ai fait deux ans une école de communication visuelle. Ce n’était pas vraiment orienté sur le dessin à proprement parlé, mais plutôt sur la mise en page publicitaire (layout) et l’art de composer une page.
Cependant, en parallèle, j’ai continué à travailler le dessin sous l’œil attentif de ma mère qui me corrigeait.

Extrait de l'art book Birth Jewelry (Shiitake)

Si ta mère te corrigeait, c’est qu’elle devait elle-même avoir un bon niveau. Fait-elle un travail lié au dessin ?

En effet, à l’âge de 16 ans ma mère est entrée dans un cercle de mangaka amateurs où elle a rencontré mon père. Peu de temps après, ils se sont mariés puis sont alors tous les deux devenus assistants mangaka. Ce travail consiste à aider les mangaka pour la fabrication de leurs planches (décors, personnages secondaires, trames, clean).
Ma mère ne fait donc pas de l’illustration comme moi, mais grâce à l’expérience qu’elle a acquise dans son travail, elle a un œil très affûté et peut donc m’aider à corriger mes dessins.

Souvent les parents ne sont pas rassurés lorsqu’ils voient que leurs enfants veulent s’orientent vers une carrière liée au dessin car c’est un milieu difficile. Étant donné que tes parents sont tous les deux assistants mangaka est-ce qu’ils ont bien réagi lorsque tu t’es orientée vers le dessin.

Justement, comme ma mère sait très bien que le dessin est un travail très éprouvant, elle a préféré m’orienter vers la musique. J’ai donc pris des cours de piano (synthétiseur) pendant de nombreuses années. J’ai passé pas mal d’examens, mais l’année de mes 15 ans, j’ai commencé à délaisser le piano pour me focaliser uniquement sur le dessin. J’avais pris conscience que c’était ce qui me passionnait vraiment

 Extrait de l'art book Birth Jewelry (Shiitake) Extrait de l'art book Birth Jewelry (Shiitake)

En voyant tes illustrations, on voit que tu maîtrises aussi bien les techniques de mise en couleur traditionnelles (feutres, pinceaux) qu’informatique (palette graphique).
A quel âge as tu commencé à te mettre à l’ordinateur et quelle technique préfères-tu utiliser ?

J’aime beaucoup les deux techniques. J’ai commencé à utiliser Photoshop à l’âge de 18 ans, mais pour être honnête, la première année où je l’ai utilisé, je ne l’ai pas pleinement exploité parce que je n’avais pas compris le principe des calques (rires).

A présent, tu utilises toujours Photoshop ou utilises tu d’autres logiciels ?

J’utilise essentiellement deux logiciels. Le premier est japonais, il s’appelle Tools SAI, il sert pour la mise en couleur et permet d’avoir un rendu traditionnel comme si on utilisait des pinceaux. Je me sers encore de Photoshop pour la couleur, mais je l’utilise surtout pour la composition des images.

Yôsei dans le secret des fées (nobi nobi !)

Quand on regarde tes art book, il se dégage des personnages quelque chose de très européen, à la fois dans les vêtements et dans le style très floral qui évoque la période Art déco. Est-ce que la culture européenne t’inspire ?

Depuis que je suis toute petite, je n’ai jamais eu d’intérêt pour la culture japonaise traditionnelle et les kimonos. J’aimais plutôt regarder l’architecture et les vêtements européens.

NDL : Shiitake prend un crayon et dessine différents styles de vêtements pour illustrer les différences entre les vêtements japonais (kimono) et européens (robes du XVII et XVIIIème siècle).

Vous pouvez voir sur ces dessins que le kimono est rigide et cache la forme du corps. Les robes européennes des femmes aristocratiques dessinaient la forme de la taille et mettaient en valeur la poitrine et les hanches. Personnellement  j’apprécie lorsque les épaules sont découvertes et qu’il n’y a pas de brettelles.

 Extrait de l'art book Birth Jewelry (Shiitake)Extrait de l'art book Birth Jewelry (Shiitake) 

J’aime bien porter des tenues plus décontractées, mais dans le village où j’habite il y a beaucoup de personnes âgées qui ne perçoivent pas toujours d’un très bon œil ce type de vêtements.

Est-ce qu’en France, tu te sens plus libre de porter ce que tu as envie ?

Ce n’est pas si simple, les tenues décontractées que portent les japonaises sont très différentes de celles que portent les françaises.

(NDL : Shiitake reprend son crayon pour nous illustrer avec quelques croquis les différences)

Les françaises utilisent volontiers un décolleté et montrent leurs épaules. Les japonaises, sont, d’une certaine manière, un peu plus pudiques.
On peut voir qu’elles couvrent leurs épaules en utilisant des vêtements amples ou un pancho. On remarque aussi que comparé aux françaises, elles évitent de montrer leurs fesses avec quelque chose de trop moulant. Même si elles portent souvent des mini-jupes, elles restent un peu plus pudiques en cachant leurs jambes avec des chaussettes qui remontent très haut.

Illustration du livre pour jeunsse Yôsei, le secret des fées de nobi nobi ! Shiitake (nobi nobi!)

Tu as un grand sens de l’observation en ce qui concerne les tenues vestimentaires. Quand on regarde le soin apporté aux robes dans tes illustrations, on se demande si tu n’as jamais eu envie de te lancer dans la mode en faisant du design de vêtements.

La création de vêtements m’intéressait, mais je ne me voyais pas faire des études de mode. Il y a quelque chose qui me bloquait, probablement que je n’avais pas assez confiance en moi dans ce domaine.

 Extrait de l'art book Birth Jewelry (Shiitake) Extrait de l'art book Birth Jewelry (Shiitake)

C’est dommage, je suis sûr que cela donnerait quelque chose d’intéressant, il faudrait essayer un jour. Ce qui est étonnant, c’est qu’apparemment les vêtements traditionnels comme les kimonos ne t’ont jamais intéressés, pourtant tu as fait un livre pour l’éditeur nobi nobi qui est très orienté sur la culture traditionnelle japonaise.

La première fois que nobi nobi m’a contactée, c’était il y a 4 ans, mais j’étais tellement chargée qu’il m’était impossible de réaliser quoi que ce soit pour eux.
Un an après ce premier contact, j’ai comme eu un déclic dans ma tête et j’ai commencé à apprécier le charme des kimonos, du coup, lorsque j’ai été recontacté par nobi nobi l’année dernière pour réaliser leurs illustrations, cela tombait bien car je n’avais plus aucun blocage vis-à-vis de cela.
La coopération avec eux c’est très bien passée, ils m’ont donné carte blanche pour les illustrations et j’ai pleinement profité de cette liberté.

Extrait du livre pour enfant Kaguya, la Princesse au clair de Lune (nobi nobi !)

Quels sont tes loisirs ?

J’adore jouer aux jeux vidéo comme les RPG tels que la série des Tales of Destiny (Teiruzu obu) sur Playstation 2 et 3.
J’apprécie parfois de pouvoir dormir pendant mon temps libre pour récupérer un peu.
J’aime aussi passer du temps à chercher de beau bijoux artisanaux fait par des jeunes créateurs. On peut en trouver sur des conventions qui ressemblent un peu à Japan Expo. Dans ces salons, il y a de nombreux jeunes créateurs qui ne font pas que des choses liées au manga.
Il faut aussi savoir chercher autour de la convention, dans les rues adjacentes ou les gares, car les créateurs n’hésitent pas à s’y installer pour proposer à la vente leurs objets.

Est-ce que tu crées parfois tes propres bijoux ?

A une époque, je le faisais, mais je n’ai malheureusement plus le temps ni l’énergie de m’impliquer dans ce type d’activité car à 18 ans j’ai commencé à créer Gensodo ma propre marque et depuis deux ans, je consacre mon temps et mon énergie à la développer.

Merci beaucoup de nous avoir accordé un peu de votre temps, nous sommes impatients de découvrir vos prochaines créations.

Merci à vous :)

Interview réalisée le 7  juillet 2012 lors de Japan Expo.

Site officiel de Shiitake : http://gensodo.web.fc2.com/
Traduction : Nicolas Osika – Elyconcept : http://ely-ideal.com/

Livres de Shiitake publiés en France :

Kaguya, la Princesse au clair de Lune >>

Yôsei, dans le secret des fées >>

Galerie

2 réponses à Interview de Shiitake (nobi nobi!)

  1. Rwo dit :

    « Shiitake », c’est pas aussi une sorte de champignons utilisés dans la cuisine japonaise ? J’ai pas le temps de vérifier tout de suite, il faut que j’aille voir « Rebelle » ! :D

Répondre à Rwo Annuler la réponse.

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